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  • Les 30 ans des Essentielles

    Les 30 ans des Essentielles

    En 2025, Les Essentielles célèbreront une étape majeure de leur parcours : 30 ans d'engagement, de solidarité et d'actions pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des personnes de divers genres au Yukon.

    Depuis leur création, Les Essentielles ont œuvré sans relâche pour créer un espace de soutien, de partage et de revendication pour les femmes francophones du territoire.

     

    Une année sous le signe de la célébration et de la réflexion

    Pour marquer cet anniversaire historique, Les Essentielles préparent une série d'activités tout au long de l'année 2025. Au programme :

    • Un retour sur 30 ans d'engagements, mettant en lumière les portraits de femmes ayant marqué la communauté franco-yukonnaise
    • Des activités communautaires et artistiques pour célébrer la créativité et la résilience des femmes au Yukon.

 

C’est à Chénéville, petit village de la région de l’Outaouais, au Québec, que Cécile Girard voit le jour. Elle grandit au sein d’une famille nombreuse où l’on chante à toute occasion. Les étés au chalet, les baignades dans le lac glacial, les feux de camp sur la grève illuminent les vacances estivales. La famille déménage à Laval alors que Cécile a douze ans, mais la campagne l’aura déjà marquée profondément.

Cécile fait des études en histoire à l’Université de Montréal, puis termine un baccalauréat en arts graphiques à l’Université du Québec à Montréal. En 1981, elle joint l’utile à l’agréable en venant garder les enfants de sa sœur Louise, qui vit déjà au Yukon. Dès qu’elle met les pieds au territoire, c’est le coup de foudre! Elle déniche l’endroit où elle veut vivre pour toujours et cette certitude ne s’est jamais démentie. Louise et son conjoint Ron, deux Yukonnais chevronnés, lui font découvrir les merveilles des lieux : une vie familiale chaleureuse émaillée par des expéditions en montagnes, les maringouins, la levure sourdough, la chasse et la pêche, le camping d’hiver. À leurs côtés, elle savoure les bienfaits d’une vie saine. « Ils m’ont choyée et enseigné tellement de choses. J’ai été chanceuse », estime-t-elle.

Tout d’abord artiste à la pige, elle vend des créations textiles, faites de matériaux recyclés, au Yukon et en Alaska. Elle produit aussi des illustrations pour différentes revues et publications. Embauchée en tant qu’animatrice d’un programme préscolaire en français par un regroupement de parents, Parents Participation Preschool, elle approfondit sa connaissance de la langue anglaise auprès de jeunes parents. Un peu plus tard, la ville de Whitehorse prend ce programme sous sa tutelle et Cécile devient instructrice pour « Purple Stew en français ». Elle se rappelle qu’il existait très peu de matériel en français. Ainsi, elle passe des soirées entières à écrire, à fabriquer et à illustrer des cahiers d’histoires et des fiches d’illustration en français pour les enfants.

C’est à Whitehorse qu’elle fait ses premières armes dans l’engagement communautaire. Le journal l’Aurore boréale et l’Association franco-yukonnaise (AFY) la comptent parmi leurs bénévoles. Après la naissance de son fils Étienne en 1986, elle travaille avec d’autres parents à la mise sur pied d’une garderie de langue française, la Garderie du petit cheval blanc. Étienne est le premier enfant inscrit au service et Cécile préside le tout premier conseil d’administration de l’organisme.

En 1988, lorsqu’un poste rémunéré est créé à l’Aurore boréale, Cécile l’obtient et y demeure jusqu’en 2013. Elle dirigera le virage technologique qui aboutira à l’informatisation complète de cet outil de communication. Une autre modification majeure a été le passage d’un journal imprimé de type bulletin à une publication sur papier journal, donnant à l’Aurore l’apparence qu’on lui connaît maintenant. « Le message, c’est le médium », dit-elle en citant McLuhan. Et l’Aurore boréale en a long à raconter, puisqu’il est aussi l’archiviste d’une communauté francophone naissante et vigoureuse.

Dans le cadre de son travail de directrice et d’éditorialiste, Cécile écrit des éditoriaux recherchés qui touchent les gens. En 1991, l’éditorial intitulé « Dans l’océan trompeur où chantait la sirène » remporte le prix convoité d’éditorial de l’année, décerné par l’Association de la presse francophone, aujourd’hui devenu Réseau.Presse. Elle fait preuve d’une profonde humanité dans ses textes et d’un esprit critique très apprécié. Minutieuse, elle aime le travail bien fait, qualité qui transparaît aussi sous sa plume experte lorsqu’elle signe ses écrits. En 2013, son éditorial portant sur la controverse entourant le bassin de la rivière Peel reçoit le titre d’éditorial de l’année décerné par Réseau.Presse.

Elle est aussi coautrice du roman Un jardin sur le toit dépeignant la présence des francophones au Yukon. De plus, elle écrit et illustre magnifiquement un petit bijou intitulé J’ai mis tes mocassins, publié en 1993. Ses textes se retrouvent dans deux éditions du Lost Moose Catalogue, un recueil d’auteurs, ainsi que dans une collection nordique s’adressant aux enfants, Meet my Family chez Loons Publication. De plus, Cécile est coautrice de la pièce de théâtre Un boulet poids plume, créée pour le Partenariat communauté en santé.

Maintenant à la retraite, Cécile consacre une bonne partie de son temps à la création. Les projets artistiques dont elle est la plus fière demeurent la création du drapeau franco-yukonnais en 1986 et De fil en histoires, les personnages d’un territoire, un projet géré par l’AFY qui se penche sur l’histoire de francophones ayant marqué la communauté. Elle était responsable de la recherche, de la rédaction et de l’animation d’ateliers, où dix-neuf participantes ont créé des personnages historiques et contemporains en matériaux recyclés. Le projet a reçu le prix Héritage du Yukon décerné par l’Association des musées du Yukon et est une exposition qui fait maintenant partie de la Collection d’art permanente du Yukon.

Cécile est membre d’un collectif d’artistes francophones baptisé « La bête à cinq têtes ». Le collectif présente l’exposition La Chasse-galerie au Centre des arts du Yukon en octobre 2023. Par ailleurs, elle travaille à un recueil de nouvelles s’inspirant d’événements extraordinaires et ordinaires tirés d’expériences personnelles.

Louise, une œuvre textile créée en hommage à sa sœur, fait partie de la Collection d’art permanente du Yukon. Ses pièces se retrouvent dans des collections privées au Canada, en Europe et aux États-Unis. Pour son engagement communautaire, Cécile a reçu la Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération et la Médaille du jubilé d’or de la Reine Elizabeth II.

Au cours des ans, son engagement auprès des Essentielles a été ponctuel, mais régulier : ateliers de broderie, conception d’affiches publicitaires et d’affiches pour pièces de théâtre. Elle offre des ateliers d’écriture dans le cadre du projet Elles se racontent. La première année de sa retraite, Cécile est l’animatrice de « Papa, maman et bébé en santé », un programme de nutrition prénatale, géré par le groupe.

Cécile vit au lac Marsh avec Jim, son compagnon, depuis plus de 40 ans. Ils ont trois enfants : April,
Adrienne et Étienne.

Photo Cécile Girard
Credit: Service Arts et culture, AFY