Françoise La Roche naît en 1953, à Arvida, dans la région du Saguenay au Québec.
Dernière d’une fratrie de quatre enfants, elle grandit avec un regard émerveillé sur un monde dans lequel ses aînés la devancent de plusieurs années. Avec ses sœurs, l’écart d’âge de presque dix ans la place en observatrice, tandis que son frère, plus proche, est un compagnon d’exploration occasionnel. Mais, c’est surtout dans la nature et les fibres textiles qu’elle trouve son véritable terrain de jeu.
Sa mère, artiste aux mains habiles, partage très tôt avec Françoise le langage du fil et des fibres. Tricoter, coudre, crocheter, tisser, tresser… ces gestes anciens deviennent une seconde nature, une manière de donner forme à ses idées bouillonnantes. Rien n’échappe à sa curiosité : chaque objet peut être détourné, chaque matériau transformé. Fabriquer, déconstruire, reconstruire… c’est son jeu préféré.
La forêt est son refuge, son atelier à ciel ouvert. Elle y passe des heures à construire des cabanes, à imaginer des univers où le bois mort devient un mur, où la mousse tapisse ses rêves d’enfant. L’été, le chalet au bord du lac devient un autre terrain d’expérimentation, un espace où le temps ralentit et où la nature lui enseigne à observer et à ressentir.
Loin de freiner cette effervescence créative, ses parents l’encouragent pleinement, même lorsque ses projets semblent n’avoir ni queue ni tête. Leur permissivité est un souffle de liberté, une invitation à explorer sans contrainte. C’est dans ce terreau fertile que s’enracine sa passion pour la matière, le geste et l’invention — un héritage qui, encore aujourd’hui, guide ses mains et son regard.
Après un itinéraire sinueux sur la carte des études, elle obtient un certificat en linguistique et, quelques années plus tard, un baccalauréat ès arts.
Françoise arrive au Yukon en août 2007. Depuis toujours, le Nord exerce sur elle une fascination mystérieuse. Elle a le rêve de le découvrir et, à 54 ans, elle sent une urgence de vivre qui la pousse à ne plus remettre à plus tard la réalisation de ses rêves.
Dès son arrivée, une évidence s’impose : Françoise se sent chez elle. Ce n’est pas seulement un lieu, mais une sensation profonde, intime, presque familière. Le Nord, dont elle a tant rêvé, l’accueille enfin. Elle sait déjà qu’elle y restera.
Le Yukon devient bien plus qu’un lieu de résidence : il se transforme en un espace d’engagement, de transmission et de création. Son parcours professionnel y est riche et diversifié, façonné par une curiosité insatiable et une volonté de contribuer à la communauté franco-yukonnaise.
D’abord directrice des communications à l’Association franco-yukonnaise (AFY), elle change ensuite de voie pour se lancer dans l’enseignement du français langue seconde, partageant sa langue et sa culture avec ceux et celles qui souhaitent s’y plonger. Son désir de transmettre se manifeste également à travers l’animation d’ateliers où le textile et l’artisanat sont au cœur des échanges : fabrication de mukluks, tricot, crochet, couture, tapis tressé… autant de savoir-faire qu’elle aime transmettre. Son implication s’étend aussi au club de lecture organisé par l’AFY, lieu de discussions et de découvertes littéraires.
Pendant huit ans, elle collabore avec l’Aurore boréale comme journaliste pigiste et correctrice, captant et racontant des fragments de vie du territoire. En parallèle, elle développe son propre langage artistique, explorant la fibre sous toutes ses formes. Membre de la galerie Yukon Artists @ Work pendant deux ans, elle participe à de nombreuses expositions collectives et réalise une exposition solo mettant en vedette ses tapisseries.
L’esprit de collaboration a toujours été au cœur de son parcours. Avec le collectif La Bête à cinq têtes, elle contribue à l’exposition La Chasse-galerie, présentée au Centre des arts du Yukon en 2023. Sa grande complicité avec Cécile Girard, une autre artiste également amie personnelle, donne naissance à deux projets communautaires d’envergure : Piquée par le Yukon, une courtepointe collaborative; et De filles et d’audace, un projet de courtepointe collective qui met en valeur des femmes franco-yukonnaises inspirantes. Elle a aussi collaboré au projet De fil en histoires : les personnages d’un territoire, inspiré de personnages réels d’hier et d’aujourd’hui.
Au fil des années, Françoise tisse des liens aussi solides que ses œuvres, entrelace son parcours à celui d’autres créateurs et créatrices, et ancre son art dans la mémoire collective du Nord.
Membre du groupe Les Essentielles depuis plus de 17 ans, elle siège deux fois au conseil d’administration, occupant à la suite les postes de secrétariat et de trésorerie.
Pour Françoise, habiter au Yukon signifie vivre dans la nature. Elle emménage dans une cabane sur la route d’Annie Lake, retrouvant ainsi la vie qu’elle était venue chercher au Yukon. Elle y vit depuis 15 ans, ancrée dans ce territoire qui est devenu le sien, et où elle demeurera jusqu’à la fin de ses jours.
Photo Françoise La Roche
Credit: Françoise La Roche