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  • Les 30 ans des Essentielles

    Les 30 ans des Essentielles

    En 2025, Les Essentielles célèbreront une étape majeure de leur parcours : 30 ans d'engagement, de solidarité et d'actions pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des personnes de divers genres au Yukon.

    Depuis leur création, Les Essentielles ont œuvré sans relâche pour créer un espace de soutien, de partage et de revendication pour les femmes francophones du territoire.

     

    Une année sous le signe de la célébration et de la réflexion

    Pour marquer cet anniversaire historique, Les Essentielles préparent une série d'activités tout au long de l'année 2025. Au programme :

    • Un retour sur 30 ans d'engagements, mettant en lumière les portraits de femmes ayant marqué la communauté franco-yukonnaise
    • Des activités communautaires et artistiques pour célébrer la créativité et la résilience des femmes au Yukon.

Johanne Maisonneuve naît en 1957 à Montréal et grandit à Chambly, au Québec. Elle est l’aînée de quatre enfants. Elle suit des cours de musique, pratique du sport, et fait des voyages durant l’été. Ses plus beaux souvenirs de famille comptent des soirées entières de chants folkloriques autour du feu et les danses carrées du temps des fêtes.

Johanne étudie à une école primaire à Chambly et fait ses études secondaires dans une grosse polyvalente, à Saint-Hubert en 1970.

En 1972, la famille part pour la Guinée, en Afrique. Comme il n’y a pas d’école secondaire, Johanne étudie en Suisse pour sa 11e année et termine sa 12e année au Québec.

Après avoir reçu son diplôme d’études secondaires en 1974, elle part pour l’Indonésie avec Jeunesse Canada Monde. En 1975, Johanne vient au Yukon. Âgée de 17 ans, elle a déjà mis les pieds sur quatre des cinq continents. Elle choisit ce territoire pour sa nature sauvage et ses autres cultures.

À son arrivée, elle rencontre un beau grand brun qui la convainc de partir avec lui sur le pouce jusqu’en Colombie. À son retour, elle travaille ici et là, mais l’appel du Grand Nord est plus fort que tout et elle revient au Yukon.

Johanne reprend contact avec des Québécois qui font la pêche commerciale sur le fleuve Yukon, près de Dawson. Elle pêche avec eux quelques années et prend le goût de vivre sur l’eau.

À l’automne 1977, elle arrive à Carmacks pour être serveuse. La première année, Johanne se lie d’amitié avec Edawade, qui devient comme une sœur pour elle. Elle apprend à vivre de la terre au fil des saisons. Avec sa famille d’adoption, elle fait la pêche au saumon et apprend à couper, sécher et apprêter le saumon, ainsi que le gibier, selon les traditions ancestrales des Tutchones du Nord. Elle fait la cueillette de petits fruits et de plantes médicinales, apprend différentes techniques de cuisine sur le feu, ainsi que le tannage de peaux d’orignal et la fabrication de divers vêtements, avec ou sans perlage.

Elle s’équipe d’un bateau et passe ses étés à se promener sur le fleuve Yukon et sur les nombreux lacs de la région pour pêcher, chasser, visiter des camps de pêche ou de chasse, parfois pour tout simplement faire un tour ou aller souper dans un de ses endroits favoris. En hiver, elle utilise la motoneige pour pêcher sur la glace, chasser ou aller chercher du bois de chauffage.

Sa fille Amélie naît en 1983 et grandit dans cet univers, entourée de grands-mères. Lors d’un de ses voyages annuels au Québec, Johanne en profite pour aller voir ses parents en Côte d’Ivoire avec Amélie.

En 1984, Johanne ouvre le campus du Collège du Yukon à Carmacks. Elle y travaille trois ans et retourne au Québec pour faire un voyage de quatre mois en Amérique du Sud avec Amélie. À son retour, elle s’inscrit à l’UQAM et obtient un certificat en éducation aux adultes. Mais l’appel du Yukon la ramène, encore et toujours.

Revenue à Carmacks, elle démarre un projet pilote de sensibilisation aux ravages de l’alcool, du nom de Carmacks Alternative Program. Dans le cadre de ce projet, elle découvre une spiritualité remplie de gratitude, liée à la mère Terre. En faisant d’innombrables collectes de fonds, elle réussit à étirer les fonds de Santé Canada pendant trois ans.

En 1990, Johanne ouvre une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence à l’arrière du nouvel édifice administratif de la Première Nation de Little Salmon/Carmacks. La maison devient rapidement un centre de femmes et elle y enseigne le crochet, qui devient très populaire. Elle y travaille huit ans et on lui demande ensuite de gérer un projet de Santé Canada pour mener une étude holistique de besoins et de soins pour personnes âgées.

En 1998, Johanne est mise en nomination par la députée Louise Hardy et devient la première lauréate d’un prix prestigieux soulignant un engagement communautaire exceptionnel, décerné conjointement par l’Université Concordia et l’Institut Simone de Beauvoir.

À la fin de cette année-là, Johanne décide de retourner au Québec pour faire une formation en travail d’énergie. Amélie y fait sa 11e année en français.

De retour à Carmacks, elle travaille pour la Section de la gestion des feux de forêt à combattre les incendies. Même s’il est très intense, elle aime ce travail qu’elle effectuera pendant huit saisons. Il représentait tout un changement de carrière dont elle avait grand besoin.

En 2011, Johanne déménage à Whitehorse et suit divers cours au Collège du Yukon pour élargir ses intérêts personnels. À l’âge de 53 ans, elle entreprend une nouvelle carrière comme préposée aux visiteurs au parc national Kluane à Haines Junction. À l’hiver, elle travaille à la réserve faunique du Yukon. Elle termine sa carrière professionnelle avec ces deux emplois saisonniers qui lui conviennent parfaitement, et prend une retraite bien méritée à l’automne 2023.

À Whitehorse, Johanne se découvre une nouvelle passion pour les fibres naturelles. Elle devient membre de la Northern Fibre Guild de Whitehorse, un groupe très dynamique. Comme elle a toujours aimé travailler avec des produits bruts de la terre, elle entreprend de faire sa propre laine avec des toisons de moutons locaux qu’elle lave, carde, file et tricote, et apprend l’art du feutrage. Elle fait aussi des paniers et des treillis avec des branches de saule.

Depuis quelques années, elle s’amuse à cultiver des fines herbes dans son jardin pour faire des tisanes ou ses fameuses herbes salées.

Johanne ne regrette pas d’avoir choisi de vivre au Yukon. Elle célèbre cette année son cinquantième anniversaire de vie au territoire. Elle a deux petites-filles, Taiya, 9 ans, et Kenzie Mai, 7 ans, qui sont membres de la Première Nation de Kluane. Elle a eu l’occasion de travailler dans plusieurs domaines et a apprécié la simplicité du quotidien. Elle a écouté son cœur de gitane et est reconnaissante de tout ce que le Yukon lui a offert.

Photo Johanne Maisonneuve
Credit: Johanne Maisonneuve