Josée Fortin naît en 1980 dans le petit village de Saint-Henri-de-Taillon au Lac-Saint-Jean, au Québec, dans une grosse famille traditionnelle québécoise. Elle grandit dans le parc de la Pointe-Taillon, entre les forêts, les cours d’eau et les champs. Dès l’âge de huit ans, elle conduit seule des quatre roues et passe ses journées dehors en forêt sans adulte.
Josée a une éducation très holistique, assez similaire à celle des Premières Nations, tout en étant proche de la religion catholique, même si la plupart de ses oncles et tantes ne la pratiquent plus. C’est une culture de « matantes » et de village.
Il n’y a pas d’arts dans l’entourage de Josée, mais son grand-père est violoneux et la famille compte des artistes. Son endroit préféré est l’église du village, car c’est le seul endroit où il y a de grosses peintures et des sculptures. Elle aime y aller avec sa grand-mère pour regarder les œuvres d’art et non pour écouter la messe!
Sa famille constate vite que Josée passe son temps à écrire, à dessiner et à donner des petits spectacles. Elle lui offre en cadeau des ensembles de peinture, des cahiers à dessins, etc. Josée gagne tous les prix des concours Desjardins en arts en 1988.
Armée d’un diplôme d’études collégiales en arts et lettres du Cégep de Jonquière, Josée déménage à Montréal pour faire un baccalauréat ès arts par cumul (littérature, création littéraire et scénarisation), ainsi qu’un certificat en animation culturelle et un certificat en intervention psychosociale. Après cinq années à œuvrer comme intervenante psychosociale et en animation culturelle auprès de familles et d’enfants défavorisés, elle veut renouer avec la nature et accorder une plus grande importance à sa vocation artistique. Elle rêve des pays nordiques, dont le Yukon, depuis son adolescence, et elle veut voir du pays au lieu de retourner dans son Nord québécois.
Elle achète donc un billet Greyhound pour venir visiter le Yukon en 2008. Dès son retour à Montréal et, en débarquant au terminus d’autobus, elle décide d’y retourner pour un an, à la fin de l’année scolaire.
Elle remet donc les pieds au Yukon le 1er juillet 2009 avec son sac à dos et sa tente. Comme elle ne parle pas anglais, elle est suppléante presque à temps plein pour l’école francophone et les écoles d’immersion française pendant l’année scolaire 2009-2010 et présente sa première exposition sur les murs de l’Association franco-yukonnaise (AFY), en plus de réaliser un contrat à temps partiel comme aide-enseignante à l’École Whitehorse Elementary School.
Elle accepte également le rôle de superviseure du camp d’été de l’école Montessori, qui possède seulement une classe Casa (pour les enfants de 3 à 6 ans). Elle y est depuis 15 ans! Elle enseigne le français et les arts. Il lui faudra presque cinq ans pour se sentir à l’aise en anglais.
Josée a eu une belle carrière en arts de la scène dans le domaine de la danse de cirque (feu et lumières) et en écriture, en plus d’exposer un peu partout. Elle a même animé la partie francophone de la fête du Canada. Multidisciplinaire, son parcours artistique échappe aux catégories préconçues. Depuis les sept dernières années, elle se consacre plus à l’art corporel, délaissant un peu le travail du cirque pour plutôt l’enseigner, tout en continuant d’écrire.
Josée prend conscience du groupe Les Essentielles assez vite, en se liant d’amitié avec Ketsia Houde, la directrice de l’époque, et a toujours été en contact avec le groupe, à titre de membre. Elle a créé un numéro de poésie et de cirque pour le spectacle D’elles, au Centre des arts du Yukon, en plus d’avoir exposé à plusieurs reprises lors des expositions annuelles du 8 mars et offert divers ateliers d’art corporel, de cirque et d’écriture. Enfin, il convient de mentionner son exposition solo sur les murs lors de l’ouverture des nouveaux locaux dans le bâtiment FLO.
Josée trouve un compagnon yukonnais qui, malgré le fait qu’il soit anglophone, a une vie nordique qui ressemble à la sienne, du fait que leurs cultures sont similaires.
Josée aime le Yukon, car elle se plaît à dire qu’elle a échangé un Nord pour un autre. Le territoire ressemble au Lac-Saint-Jean (pekuakami), tout en étant très différent en raison de ses langues, de sa population et des Rocheuses. C’est devenu un peu l’histoire de sa vie : quand elle est sur sa terre achetée au Québec, elle s’ennuie du Yukon et, quand elle est au Yukon, elle s’ennuie de sa terre natale. Après seize ans, les deux sont interreliées, car Josée est habitée par les deux territoires.
Photo Josée Fortin
Credit: Christian Kuntz