Marie-Hélène Comeau naît en janvier 1969 à Montréal, au Québec.
Elle passe sa jeunesse entre deux pôles, soit la ville, en banlieue de Montréal, et la campagne, à Sainte-Anne-de-Sabrevois, sur les berges de la rivière Richelieu. Étrangement, ce va-et-vient entre la ville et la campagne s’est poursuivi une fois au Yukon, entre la grande ville de Montréal et l’environnement sauvage de Whitehorse. En s’installant au Yukon, c’est un peu les années de sa jeunesse qu’elle retrouve dans cette nature nordique.
Marie-Hélène termine un baccalauréat en anthropologie à l’Université de Montréal et a besoin de bouger. Elle arrive au Yukon en 1992, avide d’aventure. C’est le printemps et, juste avant de quitter le Québec pour le Yukon, elle reçoit un appel du territoire lui offrant un emploi comme monitrice de français pendant toute l’année scolaire. Elle se rend au Yukon avec une amie, Line Poirier, qui y avait déjà travaillé comme monitrice. Le système québécois de covoiturage Allo-Stop les met en contact avec quelqu’un qui se rend au Yukon cet été-là et c’est ainsi qu’elles mettent le cap vers le Nord.
À son arrivée au Yukon, lors du premier café-rencontre auquel elle participe, elle fait la connaissance de Florine LeBlanc qui lui fait visiter les bureaux de l’Association franco-yukonnaise (AFY) et lui parle du projet des Essentielles. Quelques années plus tard, en 1997, c’est son travail auprès de l’AFY, avec Alpha Yukon, puis comme première journaliste officielle à l’Aurore boréale qui lui fera connaître Les Essentielles. À l’époque, ces organismes partagent le même bâtiment, une petite maison en bois peinte en rose. Il est alors naturel de travailler ensemble et d’échanger des idées et des projets.
Le Yukon lui permet de s’épanouir comme femme artiste francophone et comme chercheuse également. Marie-Hélène a le privilège de compléter une maîtrise en anthropologie sur la transmission linguistique auprès des familles mixtes du Yukon, ainsi qu’un doctorat en Études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal sur la construction identitaire franco-yukonnaise en contexte migratoire à travers une série d’ateliers d’art. D’ailleurs, cette recherche lui permet de travailler pendant deux mois en atelier d’art avec des femmes du Yukon. C’est une expérience qui change totalement son approche du métier d’artiste en milieu minoritaire. Elle découvre le rôle social qu’un ou une artiste peut jouer au niveau communautaire.
Au même moment où elle travaille à sa recherche doctorale, le hasard lui présente le projet international de création de la Caravane des dix mots, dont elle coordonne le volet yukonnais depuis 2013. Là encore, ce projet d’art lui permet d’explorer les aspects communautaires de ce métier qui viennent compléter sa pratique de peintre et de photographe. Habiter au Yukon dans une communauté francophone en milieu minoritaire a fait d’elle une artiste qui prend plaisir à explorer les différents aspects de la création artistique.
Marie-Hélène foule les planches à plusieurs reprises. On peut la voir dans Le septième parapluie du Théâtre de la pastèque en 1994, la comédie musicale The Sound of Music, produite par la compagnie de théâtre Golden Horn en 1995, et deux pièces de Michel Tremblay présentées par Les Essentielles : Les Belles-Sœurs en 1998 et Albertine en cinq temps en 2001. Elle participe à titre d’artiste visuelle à la création des décors pour la pièce Les époux vendables, une pièce collective écrite par des femmes du Yukon en 1999.
Elle rencontre son compagnon de vie, artiste également, au Yukon dans un bar à Dawson (le mythique Pit) lors d’un festival d’art auquel il participait. Ah! L’art qui, décidément, lui a toujours permis de faire de belles rencontres.
Après plus d’une trentaine d’années après son arrivée au Yukon, Marie-Hélène constate à quel point elle a été privilégiée d’observer et de prendre part à l’épanouissement de la communauté franco-yukonnaise, dont Les Essentielles font partie. Elle constate qu’elle est devenue francophone, femme et artiste non pas dans son lieu d’origine, mais plutôt dans cette terre nordique d’adoption. Son lieu d’origine et celui de résidence sont constamment en dialogue. Ces deux pôles l’ont façonnée et ils continuent de la faire grandir, rire et rêver. Elle ne peut se passer ni de l’un ni de l’autre. Ils font partie de son histoire, dont la langue française fait fonction de trait d’union.
Photo Marie-Hélène Comeau
Credit: Marie-Hélène Comeau