Renée (Gilly) Alford naît en 1924 à Paris, en France.
Elle passe la plus grande partie de sa jeunesse en Europe. Elle obtient un diplôme de l’École de Science politique de la Sorbonne et enseigne le français et l’anglais en France.
Lors d’un séjour dans les Alpes, elle rencontre Monty Alford, originaire de l’Angleterre. Comme il désire voyager à travers le Canada et les États-Unis, le couple convient d’une séparation de trois ans.
Monty découvre le Yukon et invite Renée à venir le rejoindre. Ils se marient au Nouveau-Brunswick et arrivent au territoire en 1951. Ils auront six enfants (trois filles et trois garçons).
Renée n’éprouve pas de difficulté à s’adapter à la vie nordique. L’espace et la nature qui l’entourent la comblent. Elle affectionne l’ouverture amicale des gens, la simplicité des rapports sociaux et la profondeur spirituelle.
Pendant ses quinze premières années au territoire, elle entretient des conversations en français avec les prêtres catholiques qu’elle rencontre, car il n’y a pas de milieu francophone au territoire. Renée commence son engagement dans la communauté auprès de la paroisse du Sacré-Cœur. Elle participe à la révision de la Loi sur l’éducation pour l’éducation catholique au début des années 1960 et à la fin des années 1980.
Optimiste de nature, elle croit que le secret de la vie consiste à vivre pleinement ses choix. Elle considère la vie comme une série de beaux défis à relever.
Elle s’intéresse au bilinguisme au Canada et fait des présentations sur le sujet dans les écoles et auprès de groupes de parents. Elle obtient qu’un mémoire soit présenté à la Commission nationale sur le bilinguisme et le biculturalisme. Malgré la résistance qui existe à l’époque, elle travaille à faire reconnaitre le français comme langue seconde. Faisant preuve d’avant-gardisme, elle contribue à mettre sur pied des programmes d’immersion française dans les écoles yukonnaises.
Lorsque le Centre français ouvre ses portes en 1975, Renée est embauchée comme instructrice et responsable de l’enseignement du français aux adultes. Elle occupe ce poste jusqu’à sa retraite en 1988. Sa compréhension de la langue française, son enthousiasme et ses vastes connaissances de l’histoire et de la culture françaises impressionnent ses étudiants.
Elle soutient les jeunes qui se lancent en éducation, que ce soit pour leurs études en enseignement ou leurs engagements envers une francophonie yukonnaise épanouie dans les différentes sphères de l’action communautaire.
En 1969, elle cofonde l’Association yukonnaise des services à la famille et est présidente de la Home and School Association of the Yukon.
Elle est aussi une des responsables de la création du Centre des jeunes parents. Elle s’engage auprès de la Coalition anti-pauvreté du Yukon, de l’Association pour la santé mentale, de la Coalition contre l’abus de substances nocives et du Conseil de la santé et du mieux-être du Yukon.
En 1997, Renée Alford se fait remettre, par Roméo LeBlanc, le Prix du Gouverneur général pour l’entraide (maintenant connu sous le nom de Médaille du souverain pour les bénévoles) pour son dévouement aux services sociaux et causes humanitaires au Yukon.
Elle figure également dans l’ouvrage de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne Portrait de la francophonie canadienne au féminin de 1914 à 2014 qui présente cent femmes francophones à l’influence marquante au pays.
La musique fait partie de sa quête de beauté. Elle joue du piano et chante avec la chorale de Whitehorse. Elle aime la lecture et faire des promenades.
Au Yukon, Renée a été reconnue comme une femme ayant fait preuve d’une ouverture d’esprit, d’un sens de l’écoute exceptionnel, de volonté et de solidarité.
Renée Alford s’éteint le 7 mai 2024, à l’aube de ses 100 ans.
Photo Renée Alford
Credit: Archives Aurore boréale